Les lieux, les rues et les places
L'Alcazar de Tolède et son musée
L'Alcazar de Tolède et le Musée de l'Armée
Ne vous inquiétez pas, j'ai visité quelques musées similaires dans le monde entier (Pékin, Sana'a, Latroun, Paris évidemment, et plus d'une fois, Ingolstadt, Hanoï, Saumur...) donc cette visite était assez naturelle.
Tolède est une ville chaudement recommandée à la visite. Je la ferai plus tard, il y a effectivement un charme certain dans ces vieux immeubles.
L'Alcazar de Tolède est d'abord un haut lieu de l'histoire Espagnole et plus particulièrement de la Guerre Civile lorsque l'Alcazar fut assiégé par les forces républicaines pendant plusieurs semaines en 1936 avant d'être relevé par l'Armée d'Afrique nationaliste. Il a été transformé en Musée de l'Armée en 2009, en regroupant les collections des musées de l'artillerie et du Génie de Madrid ainsi que celles des musées de l'infanterie, de la cavalerie...
Alors, évidemment, il faut vous narrer ma petite déception. Le musée ayant été victime d'un incendie en juin 2023, je n'ai pu en faire qu'une visite limitée (mais déjà bien sympathique) de la collection restée ouverte à la visite.
J'étais arrivée assez tard en réalité. Toujours mes gros retards à l'allumage du dimanche matin!
Dès qu'il rouvre, j'y retourne! J'ai soif de tercios et de banderas!
La conception du musée est originale: l'entrée donne sur cet immense espace couvert qui regroupe des vestiges romains (principalement une citerne), wisigothiques puis arabes jusqu'aux restes de l'enceinte du XVIIème siècle (le bastion au premier plan). Les collections permanentes sont accessibles par la galerie supérieure.
En attendant une seconde visite, un petit aperçu de sa collection.
Un officier romain
Un combattant celtibère
Un guerrier wisigoth (à l'époque où les Ostrogoths et les Saligoths déferlaient sur l'Empire...)
Cette paire constituée d'un cavalier arabe et d'un chevalier franc du XIème siècle illustre cette âge sombre du haut Moyen-âge qui voyait l'Occident chrétien refuser avec obstination les bienfaits de la diversitude propagée à l'occasion de l'agression militaire des musulmans au VIIIème siècle. Pouah! Vite, repentance et haine de soi!
Faisons un bond de quelques siècles pour ces armures de piquiers et de cavalier du XVIème - XVIIème siècles.
Et pour finir, la voiture d'un Premier ministre victime d'un attentat en 1921 (il n'a pas survécu!).
Mis en ligne 19/11/2023
La Plaza Mayor
La Plaza Mayor est le coeur historique de Madrid
(Résumé de WIKIPEDIA)
Initialement Plaza de Arrabal, construite au XVème siècle, c'était alors un marché en dehors de Madrid. Elle n'est cédée à Madrid qu'en 1561 et le Roi Philippe II commissionne un architecte Juan de Herrera pour la reconstruire et l'embellir.
Les travaux ne commenceront toutefois qu'en 1616 (Philippe II avait ruiné le pays) pour s'achever trois ans plus tard.
La place brûlera trois fois: en 1631, 1670 et 1790. C'est Juan de Villanueva qui la reconstruire après le dernier incendie. Ce n'est toutefois qu'à l'achèvement du projet, en 1854, que la place prend son visage actuel, notamment marqué par des édifices moins élevés (trois étages au lieu de cinq) et une série d'arcades.
La place est l'un des centres les plus actifs de Madrid au XVIIe siècle. Des spectacles en tous genres s'y tiennent tels que corridas, procès de l'Inquisition, bûchers, etc. La foule assiste à ces actes publics depuis les balcons qui la surplombent.Désormais, elle voit notamment se tenir le Marché de Noël. O tempora, o mores...
La place mesure 129 mètres par 94, elle compte neuf portes et... 237 balcons. Elle est ornée depuis 1848 par la statue équestre de Philippe III. Elle a connu de nombreux noms (dont de la Constitution ou de la République) mais est redevenue Plaza Mayor après la Guerre Civile.
Sous les arcades, des galeries abritent un ensemble de commerces traditionnels, spécialisés par exemple dans la philatélie ou la numismatique.C'est pour cette raison que des marchés consacrés à ces deux activités s'y tiennent les dimanches matins.
Parmi les choses à regarder en particulier, la Casa de la Panadería ou "la Boulangerie". Elle connut ensuite diverses affectations: d'abord siège de l'administration royale des poids et mesures, elle abrite de 1745 à 1774 l'Académie royale des beaux-arts Saint-Ferdinand, puis jusqu'en 1871 l'Académie royale d'Histoire. Sa façades portera (cf. infra) des fresques dès sa reconstruction en 1672. En face, on peut voir son pendant "la Boucherie" mais ses façades ne sont pas ornées de fresques.
Une des 9 portes (Porte d'Atocha - SGDG)
Une autre des 9 portes (Saragosse - SGDG)
La Maison de la Boucherie
La Maison de la Boulangerie reconnaissable à ses deux tours ("les deux tours ont été érigées pour le retour du Roi"...) et ses fresques en façade
Autre vue de la Maison de la Boulangerie (les fresques actuelles datent de 1988)
La place par 38° (49° en plein soleil) en août La place par 26° en septembre
Philippe III à dada (le panda a été oublié là par des touristes chinois)
Vue générale en août
DMEL 24/09/2023
Le Musée de la Marine
Le Museo Naval et la riche histoire maritime de l'Espagne
Musée de taille moyenne, il est très agréable à visiter. Les collections sont riches et on en sort avec une bonne compréhension du rôle majeur occupé par les Espagnols sur les flots pendant au moins trois siècles mais aussi sur les techniques maritimes à commencer par le galion (cf. infra).
L'anecdote qui m'a bien fait rire: sauf à ce que j'ai raté un panneau en espagnol, je n'ai pas vu une seule mention de l'Invincible Armada et de la déculottée d'anthologie que lui infligèrent les Anglais... N'accablons pas nos amis Espagnols: Trafalgar est mentionnée (le fait est que la responsabilité de la défaite pèse plus sur les épaules de l'Amiral Français Villeneuve...) ainsi que les défaites navales face aux Etats-Unis en 1898.
Comme toute Maison sérieuse, le Museo Naval a une enseigne.
La Pinta, la Nina et la Santa Maria
Christophe Collomb (Cristobal Colon): il n'est pas espagnol mais comme pour les sportifs, les Etats ont la nationalité accueillante avec le succès.
Un galion, contribution majeure de l'Espagne à l'expansion maritime européenne - (WIKIPEDIA: navire à plusieurs ponts, à châteaux arrière et avant, doté de trois à cinq mâts gréés en voiles carrées, et une voile latine sur le mât arrière (mât d'artimon). (...) Navire espagnol à l'origine, le galion a constitué par la suite le bâtiment principal des flottes des autres nations (britannique, néerlandaise...), avant le développement des bricks, frégates et des vaisseaux de ligne trois-mâts carrés à partir du XVIIIe siècle.)
Un navire de ligne ("un deux-ponts")
La splendeur des bateaux comme affirmation de la Foi
Et ben, on a de la place? Mettez donc un mât sous la verrière principale!
Un pavillon "privé" (ce n'était pas le pavillon royal, juste celui d'une famille de négociants)...
Un portulan (WIKIPEDIA: une sorte de carte de navigation, utilisée du XIIIe siècle au XVIIIe siècle, servant essentiellement à repérer les ports et connaître les dangers qui peuvent les entourer : courants, hauts-fonds...)
Trois figures de proue
Gibraltar: les Anglais s'en empareront une première fois en 1704 puis quelques années après s'en verront octroyer la possession (mais pas la souveraineté) par traité (Traité d'Utrecht en 1713) : ils y sont toujours. Les Anglais en ayant la possession mais pas la souveraineté, le gouvernement Espagnol la disputant depuis 1960.
DMEL 20/09/2023
Le Musée du Prado
Le Musée du Prado - un des musées d'art les plus importants du monde
Le Musée du Prado est le musée le plus célèbre de Madrid, il a été construit par Juan de Villanueva et a été inauguré en 1819. Accolé au Parc du Retiro, il n'en fait toutefois pas partie.
Le Musée du Prado s'enorgueillit d'une précieuse collection de quelque 8 600 toiles et plus de 700 sculptures. Elle se base essentiellement sur des peintures du XVIe au XIXe siècle (NDLR: après, c'est moche, c'est stocké ailleurs - musée de la Reine Sofia par exemple - faut pas confondre les torchons et les serviettes). Parmi ses tableaux, on trouve des chefs-d’œuvre de grands peintres tels que Velázquez, El Greco, Rubens, Bosh ou Goya.
La statue de Velazquez dans le parc du Prado
Les caisses de vente des billets. C'est tout ce que vous verrez du musée sur cette page!!
Car, hélas, hélas, il est interdit de prendre des photos dans l'enceinte du Musée. Aussi, pour ne pas vous laisser sur votre faim, je vous joins de magnifiques fresques peintes dans les "catacombes de Paris". Légèrement postérieures aux tableaux du Musée du Prado, elles présentent cependant un intérêt muséographique évident.
C'est déjà mieux que Basquiat.
Hommage inspiré aux puissances chthoniennes.
Hokusai (Katsushika de son prénom, 1760 - 1849) a visité les "Catacombes" lors de son séjour parisien en 1826, alors qu'il se fait appeler Iitsu depuis 1820. Inspiré par le sol sablonneux de la salle, et par le perniflard qu'il avait consommé avant de descendre, il y laissa cette jolie fresque d'une grande vague. Accueilli par Louis-Etienne Héricart de Thury, l'Inspecteur Général des Carrières de Paris à l'époque qui accompagnait ce prestigieux visiteur, ils auraient eu ce dialogue resté fameux : "- faut que j'y retravaille à cette plage, y a quelque chose à faire", dit Hokusai. Ce à quoi, Héricart de Thury lui aurait répondu "- certes, mais c'est vague. - Vague? Vous avez dit vague? Comme c'est bizarre" lui aurait alors rétorqué l'artiste.
Pour conclure, mon coeur balance entre ce musée et le Musée du Cochon de Stuttgart (le plus grand musée du monde consacré au porc comme ils le soulignent avec une légitime fierté dans leur site ouèbe). Disons que le Musée du Prado l'emporte quand même d'un cheveu même s'il est bien moins "völkisch". A noter que le restaurant du Musée de Stuttgart présente une décoration qui en fait presque une annexe du Musée du Prado: ses plafonds ornés de fresques aériennes de cochons volants semblent sorties d'une vision de J. Bosch (le bien nommé).
Les Cortès
Le Parlement espagnol - les Cortès
Bâti au XIXème siècle, c'est le siège du parlementarisme espagnol. Il a été au centre l'attention internationale lors de la tentative de coup d'État connue en Espagne sous le nom de "23-F", en 1981.
Antonio Tejero, un lieutenant-colonel de la Guardia Civil qui était un phalangiste impénitent, a pris d'assaut la chambre du Congrès des députés avec des dizaines d'officiers armés, perturbant ainsi les procédures d'élection de Leopoldo Calvo-Sotelo en tant que nouveau premier ministre espagnol. Les insurgés ont ouvert le feu à l'intérieur de l'hémicycle, mais personne n'a été blessé. Les députés ont été retenus en otage pendant 18 heures avant que le coup d'État n'échoue notamment grâce à l'attitude inflexible du alors jeune Roi Juan Carlos.
Sans les contreforts, clairement, on voit bien que le Palais pencherait fortement à droite...
En fait, il y a le Palais et cette énorme extension (à gauche du Palais sur la photo précédente).